Hausse des prix alimentaires, hausse des coûts de production… La guerre en Ukraine perturbe les marchés agricoles et alimentaires. Pour éviter une pénurie, faut-il alors augmenter la production ? Parce que c’est grâce à vous et à votre engagement sans faille que Greenpeace peut agir au quotidien, il me tient à cœur de vous partager notre analyse et les solutions les plus pertinentes et viables pour nourrir le plus grand monde. À peine quatre jours après l’invasion russe en Ukraine, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) a affirmé qu’il faut augmenter la production alimentaire, et demandé l’abandon de la stratégie européenne pour une alimentation durable “De la ferme à la fourchette”. Pourtant, la course à la production ne répond pas au problème : les crises alimentaires dans le monde ne sont pas dues à un manque de volumes (nous produisons chaque année près de trois fois le nombre de calories dont nous avons besoin par personne), mais à des marchés internationaux défaillants. Mais alors, quel est le problème ? La guerre en Ukraine agit comme le révélateur d’une situation très tendue, dans laquelle les pays interdépendants n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins alimentaires. Le système agro-industriel mondialisé actuel est très dépendant d’importations (de protéines animales, de machines agricoles, de logiciels, de gaz et de pétrole…) : il est donc très peu résilient face aux chocs, et cette insécurité ne cesse de grandir dès l’apparition d’une crise économique, climatique ou sanitaire. Comment lutter concrètement contre l’insécurité alimentaire ? Pour faire face à cette situation, il ne faut pas augmenter la production mais bien réguler les marchés internationaux et revoir en profondeur notre modèle agricole et alimentaire pour :
Promouvoir un nouveau modèle agroécologique et relocalisé, qui limite notre dépendance aux énergies fossiles. En effet, l’agriculture intensive est dans l’incapacité d’agir en cas de crises car elle dépend à la fois d’engrais et de pesticides fabriqués à partir de gaz, mais aussi du pétrole pour faire fonctionner les machines agricoles. Par ailleurs, en plus d’être nocives pour le climat, ces énergies le sont également pour la paix puisqu’en les consommant, nous finançons sans nous en rendre compte la guerre en Ukraine.
Favoriser une meilleure répartition et utilisation de nos ressources, en commençant par limiter le gaspillage, qui représente un tiers des productions mondiales.
Ce nouveau modèle devra notamment permettre :
D’améliorer la fertilité des sols et de préserver la biodiversité en respectant et en appliquant la stratégie européenne “De la ferme à la fourchette”, qui prévoit notamment une réduction de 20% de l’usage des engrais et de 50% des pesticides d’ici 2030.
De consommer moins de produits animaux et de meilleure qualité, et ainsi de diminuer l’alimentation liée aux animaux d’élevage, qui concurrence directement celle destinée aux humains. En effet, les deux tiers de la production céréalière européenne sert à nourrir les animaux d’élevage.
GREENPEACE FRANCE par Laure Ducos
Chargée de campagne Agriculture et Alimentation
https://www.greenpeace.fr/agriculture-ecologique/
Réchauffement climatique et érosion des sols
Outre les changements de températures, la qualité des sols agricoles est également menacée. En effet, l’utilisation d’engrais met en péril les terres arables. Cela contribue :
Au réchauffement climatique. Les engrais azotés libèrent du protoxyde d’azote (N2O), un gaz à effet de serre ;
À l’appauvrissement des sols. De ce fait, ils stockent moins bien le carbone présent dans le CO2. Celui-ci est alors rejeté dans l’atmosphère.
Comme l’explique l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE), « s’il n’est pas perturbé, le carbone peut devenir stable et rester confiné pendant des milliers d’années. Des sols sains peuvent donc atténuer le changement climatique ».
D’autre part, l’augmentation des températures prive certaines terres d’humidité. Cela entraine sur le long terme, une hausse de la désertification. Dans les régions les plus chaudes du globe, parfois touchées par des problématiques de malnutrition, certaines zones ne pourront plus être cultivées. Selon l’ONU, « Quelque 50 millions de personnes pourraient être déplacées au cours des 10 prochaines années en raison de la désertification ». L’impact du réchauffement climatique sur l’agriculture annonce donc un bilan humain catastrophique.
https://lempreintecarbone.fr/impact-rechauffement-climatique-agriculture/